INFECTIEUX

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LES ANTIBIOTIQUES  C’EST PAS AUTOMATIQUE !  D’après un article sous ma signature de février 2019


La campagne lancée en 2002 a fait mouche. Le message est enregistré : le public se l’ai approprié et l’on en fait parfois une boutade. Mais aujourd’hui l’opinion doute de tout. Doit-on prendre cette information péremptoire pour argent comptant ? Quelles en sont les bases scientifiques ? L’occasion ici d’analyser cette affirmation de plus près et peut-être de raffermir nos convictions…


Les antibiotiques : Une révolution médicale

En 1675 le néerlandais Antoni Van Leeuwenhoek met au point le microscope et découvre des « animalcules » dans l’eau d’une mare. En 1857, Louis Pasteur démontre le rôle des bactéries dans la fermentation alcoolique.
Depuis l’Antiquité on avait remarqué que des moisissures s’opposaient au développement naturel de certaines infections mais c’est Alexander Fleming en 1928 qui repère par hasard l’action d’une moisissure sur une culture de staphylocoques. La Pénicilline sera obtenue sous une forme stable en 1938. Une ère nouvelle s’ouvre à nous : l’humanité croit être débarrassée du fléau des maladies infectieuses d’origine bactériennes. N'allons pas trop vite…

Un progrès à court terme ?

Dans la deuxième partie du XXème siècle de nouveaux antibiotiques apparaissent sur le marché à un rythme soutenu. Ils sont nombreux, toujours plus efficaces. On en use et on en abuse. Pourtant Fleming avait mis en garde dès 1945 dans son discours au Nobel : « l’efficacité des antibiotiques aura une fin ». Mais on est subjugué par les effets de cette nouvelle classe thérapeutique au point d’en oublier toute prudence et de mettre bien des années à comprendre que les antibiotiques savent faire de la résistance.

Les résistances : comment ça marche ?

La résistance aux antibiotiques qui aboutit à leur inefficacité s’accroit dans tous les pays du monde. Ces nouveaux médicaments, après avoir sauvé tant de vies, soudain ne savent plus faire. Heureusement d’autres antibiotiques plus récemment découverts prennent le relai… mais voilà qu’eux aussi perdent leur efficacité.

Les bactéries partagent avec les virus « le marché des maladies infectieuses ».
Les antibiotiques sont efficaces exclusivement sur les bactéries. Les virus ne sont pas concernés. C’est question de constitution. Les bactéries sont des corpuscules évolués. Elles disposent d’une enveloppe, parfois recouvertes de cils ou d’un flagelle, d’un cytoplasme qui contient leur ADN, message de la vie. L’ADN de la bactérie mère se scinde en deux donnant naissance à deux bactéries filles. Ce processus se répète à toute allure conduisant à la pullulation microbienne qui va mettre en grande difficulté les cellules de l’organisme. Car une fois entrées dans la cellule infectée les bactéries vont pomper la substance cellulaire pour l’utiliser à leur propre multiplication. Ce n’est pas simplement un manque de savoir vivre, c’est plutôt un savoir tuer qui peut conduire l’organisme squatté à bien des difficultés pour sa survie. Heureusement le corps humain dispose de moyens de défense : la réaction anti inflammatoire et le système immunitaire. Et l’on dispose aussi des antibiotiques, tueurs efficaces de bactéries.
Mais le problème se corse quand les bactéries mettent à leur tour en action leurs défenses… contre les antibiotiques.

La multiplication des bactéries se fait par duplication de leur ADN. Mais tous ceux qui ont multiplié de l’ADN vous le diront : ça n’est pas aussi simple que de faire une photocopie même si le principe est très ressemblant. Il peut y avoir des erreurs. Le recopiage est complexe et des fautes d’étourderie sont fréquentes. Il faut appeler un chat un chat. Si par une petite erreur de codage vous appelez un chat un char, la phrase : « le char miaule » n’a plus de sens. Hêtre ou ne pas être ? L’antibiotique y perd son latin ! Nous ferions de même : chasser un chat pourquoi pas ? Mais attaquer un char pas question !

L’antibiotique ne sait plus faire et il renonce. Et les bactéries porteuses de la petite erreur de codage, protégées de l’antibiotique grâce à cette malfaçon, reprennent leur multiplication effrénée. L’infection a gagné la bataille.
Les infections sont contagieuses on le sait bien. Et quand la contagion se fait avec une bactérie devenue résistante il faut craindre le pire.


Pourquoi craindre le pire ?

On a pu croire autrefois que les performances de l’industrie chimique et l’acharnement des laboratoires pharmaceutiques permettraient de toujours mettre sur le marché de nouveaux antibiotiques prêts à déjouer les défenses microbiennes. C’était oublier que les bactéries sont des organismes unicellulaires assez simples et fragiles. Et cette simplicité qu’on croyait un atout s’avère à l’usage une difficulté.

Les antibiotiques peuvent neutraliser les bactéries de différentes façons. En empêchant la synthèse de leur paroi et de leur membrane, en neutralisant la fabrication des matériaux utilisés lors de leur multiplication, en empêchant la synthèse de leur ADN… S’il n’y a plus de murs, plus de toit, plus de ciment, plus de réseau électrique, plus d’adduction d’eau il y a du souci à se faire pour la construction des microbes.
Mais il n’existe pas beaucoup de techniques pour détruire les bactéries. On en a vite fait le tour et les stratégies s’épuisent.
Et les microbes apprennent vite à contourner ces quelques empêchements. Bien pire ils savent transmettre la combine à leurs descendants.

Chaque fois qu’une bactérie rencontre un antibiotique on lui offre la possibilité de devenir résistante et donc de nous renvoyer la monnaie de la pièce !

Bien peu de bactéries savent déjouer l’antibiotique. La plupart vont mourir. Mais elles sont tellement nombreuses que c’est comme au loto : les gagnants sont rares mais ils existent bel et bien. Sauf qu’au loto ils ne se multiplient pas jusqu’à la ruine de la FDJ.

La France est-elle le mauvais élève de la résistance ?

La France est ce pays fantasque que nous aimons tant : le pays où l’on dit le plus grand mal des affreux laboratoires et de leurs lobbys surpuissants mais c’est aussi le pays où l’on est le plus prompts à se goinfrer de leurs médicaments. Parfois même si l’on en n’a pas vraiment besoin. Et pas seulement pour les antibiotiques.

Pourtant tout avait bien commencé. Après la campagne « les antibiotiques, c’est pas automatique » lancée en 2002 on a enregistré une diminution de 25 % de la consommation dans les 5 ans qui ont suivis. Malheureusement le plus difficile dans l’effort c’est de le prolonger et plus récemment la consommation à un niveau toujours très élevé a nécessité en novembre 2018 une relance avec un nouveau slogan : « les antibiotiques ils sont précieux, utilisons-les mieux ».
Passons sur l’inélégance et la difficulté de prononciation du « zont-les mieux » dont le manque de fluidité traduit peut-être une fatigue de nos décideurs.
La relance était nécessaire : en 2017 les français ont ingurgité 759 tonnes d’antibiotiques. Quelques tonnes auront sauvé des vies, on ne l’oublie pas, mais quelques tonnes aussi auront ouvert la voie aux résistances qui, à l’avenir, en feront perdre beaucoup. Et il ne serait pas scientifiquement établi de dire : « plus tard ils vont bien se débrouiller pour trouver des moyens » puisque tous les chercheurs s’accordent à dire qu’on est en panne de solutions nouvelles.

L’ambition est de faire baisser à nouveau de 25% la consommation en 3 ans. Quelques pistes s’offrent à nous : trouver les moyens de repérer parmi les maladies infectieuses celles qui sont d’origine virale et pour lesquelles utiliser un antibiotique n’aurait aucun intérêt, améliorer la prévention pour diminuer l’incidence de ces maladies bactériennes et améliorer l’hygiène des hôpitaux pour faire reculer les maladies nosocomiales. Ces redoutables infections dans les hôpitaux et autres lieux de soins viennent compliquer le problème de santé qui a justifié l’hospitalisation. Elles sont dues à des microbes qui colonisent les hôpitaux depuis suffisamment longtemps pour être devenus résistants à tous les antibiotiques de la Pharmacie Centrale !

C’EST PAS
AUTOMATIQUE !

La France est-elle le mauvais élève de la résistance ?

La France est ce pays fantasque que nous aimons tant : le pays où l’on dit le plus grand mal des affreux laboratoires et de leurs lobbys surpuissants mais c’est aussi le pays où l’on est le plus prompts à se goinfrer de leurs médicaments. Parfois même si l’on en n’a pas vraiment besoin. Et pas seulement pour les antibiotiques.

Pourtant tout avait bien commencé. Après la campagne « les antibiotiques, c’est pas automatique » lancée en 2002 on a enregistré une diminution de 25 % de la consommation dans les 5 ans qui ont suivis. Malheureusement le plus difficile dans l’effort c’est de le prolonger et plus récemment la consommation à un niveau toujours très élevé a nécessité en novembre 2018 une relance avec un nouveau slogan : « les antibiotiques ils sont précieux, utilisons-les mieux ».


Passons sur l’inélégance et la difficulté de prononciation du « zont-les mieux » dont le manque de fluidité traduit peut-être une fatigue de nos décideurs.
La relance était nécessaire : en 2017 les français ont ingurgité 759 tonnes d’antibiotiques. Quelques tonnes auront sauvé des vies, on ne l’oublie pas, mais quelques tonnes aussi auront ouvert la voie aux résistances qui, à l’avenir, en feront perdre beaucoup. Et il ne serait pas scientifiquement établi de dire : « plus tard ils vont bien se débrouiller pour trouver des moyens » puisque tous les chercheurs s’accordent à dire qu’on est en panne de solutions nouvelles.

L’ambition est de faire baisser à nouveau de 25% la consommation en 3 ans. Quelques pistes s’offrent à nous : trouver les moyens de repérer parmi les maladies infectieuses celles qui sont d’origine virale et pour lesquelles utiliser un antibiotique n’aurait aucun intérêt, améliorer la prévention pour diminuer l’incidence de ces maladies bactériennes et améliorer l’hygiène des hôpitaux pour faire reculer les maladies nosocomiales. Ces redoutables infections dans les hôpitaux et autres lieux de soins viennent compliquer le problème de santé qui a justifié l’hospitalisation. Elles sont dues à des microbes qui colonisent les hôpitaux depuis suffisamment longtemps pour être devenus résistants
à tous les antibiotiques de la Pharmacie Centrale !

C’est surtout sur les maladies virales de la sphère ORL et pulmonaire que doit porter l’effort. On estime que 80% de ces infections sont virales et ne justifient pas d’antibiothérapie. Mais la pression est forte et les prescriptions « par précaution » sont encore bien fréquentes. Tous les médecins entendent plusieurs fois par semaine : « je sens bien que je n’ai pas grand-chose, mais il me faut un antibiotique costaud parce que ça n’est pas le moment pour que je tombe malade ». La vraie précaution est de réserver l’antibiotique pour les pathologies où il est nécessaire.
Avant de partir en vacances de neige on ne demande jamais au chirurgien de nous mettre les jambes dans le plâtre pour le cas où l’on ferait une mauvaise chute !

L’élevage animal devra aussi faire un effort. Si comme moi vous avez trouvé en vente des tranches de jambon emballées sous cette fière mention « nos cochons ont été élevés depuis la naissance sans antibiotiques » vous vous serez probablement demandé ce qu’il en est chez les concurrents. Ces pratiques qui facilitent la croissance animale et prétendent protéger le cheptel des épidémies augmentent aussi les contacts bactérie-antibiotique et favorisent l’apprentissage des résistances par les microbes. Cinq cents tonnes d’antibiotiques sont consacrées chaque année à l’élevage…
Chacun doit se sentir responsable face à ce danger : rendons les antibiotiques non utilisés au Pharmacien. Ils ne doivent en aucun cas rejoindre la nappe phréatique !

Retenir pour le lecteur pressé :

- Les antibiotiques sont inefficaces sur les infections virales. La plupart des infections ORL et pulmonaires sont virales.

- Les microbes sont dans une très large majorité des alliés utiles pour notre santé. Notamment chez les enfants où plus encore que chez l’adulte ils participent à la construction du système immunitaire. Les détruire sans discernement peut s’avérer néfaste.

- Les antibiotiques n’ont pas d’effet sur la fièvre ou la douleur. Ils n’agissent que sur les fièvres et douleurs qui sont dues à une infection microbienne.

- L’automédication avec des antibiotiques n’est jamais justifiée. Elle est toujours dangereuse de même que les traitements qui sont interrompus avant la date prévue.

- Les antibiotiques ne sont pas des médicaments anodins. Ils peuvent avoir des effets indésirables parfois graves qui sont acceptables quand il y avait un réel besoin mais qui sont déraisonnables quand on les a pris inutilement.

- Une bonne prévention pour beaucoup de maladies infectieuses c’est la vaccination.

Pour se quitter sur une note optimiste…

Il existe des alternatives au traitement antibiotique.
Les virus qui sont la deuxième cause des maladies infectieuses qui nous agressent sont de plusieurs types et parmi eux il existe des virus bactériophages. Comme leur nom l’indique ils dévorent et détruisent, sous certaines conditions, les bactéries. Ces phages sont à l’origine d’un procédé thérapeutique qui est ancien mais avait été mis en sommeil quand est arrivé « le miracle antibiotique ». Les résistances à ces traitements relancent l’intérêt pour la phagothérapie, de nouveau promise à un bel avenir.
Mais attention ! On avance à pas comptés et l’avenir est par nature incertain. Dans l’immédiat il faut tout faire pour conserver des antibiotiques efficaces sans les abîmer par une mauvaise utilisation.


« Les antibiotiques ils sont précieux,
utilisons-les mieux »

Nous traversons une période délicate,

un peu tabassée par le coronavirus.

Gestes barrières et masques font la une

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Voici quelques conseils

pour bien porter le masque

qui ne doit pas

faire oublier l’importance

des gestes barrières !